Dès l’Antiquité, la qualité et les vertus thérapeutiques des eaux de Vichy (nommée Aquae Calidae sur la table de Peutinger), sont connues et exploitées. Après la chute de l’Empire romain d’occident et pendant plusieurs siècles, château, remparts et habitat s’installent à distance des sources au niveau de l’actuel « vieux Vichy ». Néanmoins, après une période de désintérêt, la ville redécouvre les bienfaits de ses eaux à partir du XVIe siècle. L’État devient propriétaire des sources en 1527. L’édit de 1605, sous le règne d’Henri IV, met en place une administration des bains et amorce une réglementation médicale des eaux thermales.
L’organisation spatiale à l’époque moderne met en avant deux entités urbaines qui se côtoient, Vichy la Ville et Vichy-les-Bains. Cette dernière reçoit, au sein d’équipements très rudimentaires, de nouveaux curistes dont des personnalités prestigieuses qui participent à sa renommée et ses transformations urbaines. Ainsi, au XVIIe siècle, la Marquise de Sévigné décrit et vante les bienfaits dans ses lettres des soins qu’elle reçoit et en 1785, Mesdames de France, filles de louis XV, initient quelques légers travaux de réparation et d’aménagement des bains. C’est à cette époque qu’est construit le premier établissement thermal ainsi que les premières promenades. Ces dernières devant permettre le refroidissement et la bonne digestion des eaux ainsi que la pratique de la marche thérapeutique.
En 1812, Napoléon Ier, sur demande de sa mère Letizia Bonaparte, curiste à Vichy, ordonne l’aménagement de fontaines et de promenades supplémentaires. C’est ainsi que le premier parc voit le jour, le Parc des Sources, faisant le lien entre les sources et les bains. Ce parc devient la colonne vertébrale de la station et oriente l’organisation urbaine du quartier thermal selon un axe nord-sud. Le paysage thérapeutique se dessine progressivement et la pratique thermale se développe et se codifie. Cette évolution et les projets d’aménagement se poursuivent avec la visite de « Madame Royale » duchesse d’Angoulême. Les établissements thermaux se modernisent et le nombre de lieux d’hébergement et de loisirs s’accroît. Vichy-les-bains s’organise progressivement autour de la pratique curative.
La création du Parc des Sources et le développement de Vichy-les-bains permettent aux deux entités urbaines de se rejoindre et ne faire qu’une seule et même ville continue.
Les constructions se multiplient, la ville évolue et continue d’être organisée autour du thermalisme. Propriété de l’Etat depuis le XVIe siècle, l’exploitation du domaine est concédée à la compagnie fermière en 1853. Cette concession implique la mise en œuvre d’une politique de développement et de modernisation des infrastructures. Cet acte pose les bases d’un thermalisme qui devient un levier de développement territorial et de rayonnement Français. Politiques, architectes et urbanistes pensent et projettent Vichy.
Les séjours de l’empereur Napoléon III de 1861 à 1866, permettent à la ville de mettre en œuvre une grande partie de ces projets et d’en programmer de nouveaux. Effectivement, le thermalisme étant en phase ascendante en Europe, plusieurs villes souhaitent attirer à elles le « beau-monde » et étendre leur renommée et leur prestige. Napoléon III profite de sa notoriété, de son statut et de son pouvoir pour faciliter l’émergence des projets et affecter les recettes perçues par l’État, pour le fermage, aux différents projets d’aménagement urbain. L’empereur met tout en œuvre pour faire de Vichy la digne rivale des villes d’eaux allemandes alors très réputées.
Période d’effervescence, Vichy se voit dotée d’un plan urbain en éventail, avec des avenues dites « thermales » qui rayonnent depuis la gare jusqu’au quartier des thermes et la rivière. En quelques années, la construction d’une digue-promenade stabilise la rivière Allier et permet la création de nouveaux parcs dessinés à l’anglaise. La gare désenclave la ville et facilite l’accès des curistes provenant du monde entier. Des lieux de divertissement voient le jour comme le casino et le théâtre. Vichy se dote aussi d’un réseau moderne de communication et de grands hôtels. Napoléon III y fait construire une série de chalets ainsi que des maisons pour loger sa garde rapprochée, elle devient « the place to Be ».
Vichy connaît une période ambitieuse et prospère où les architectes allient originalité, luxe et modernisme et où « le thermalisme devient l’élément fondateur de l’aménagement du territoire ».
Dans les années 1890 une nouvelle campagne de travaux est lancée. Elle est confiée à deux architectes, Charles Lecoeur et Lucien Woog. Ce dernier parcourt les villes d’eaux d’Europe afin d’observer les dispositifs et les aménagements prévus. Les travaux entrepris par le duo marquent profondément et durablement le paysage du quartier thermal. Agrandissement du casino, construction de l’opéra, création de la galerie promenoir du Parc des Sources, édification du Grand établissement Thermal, galerie du fer à cheval, pavillon de la source des Célestins, sont autant de réalisations toujours visibles.
Vichy, reine des villes d’eaux, relève le défi avec succès et rivalise avec les autres villes d’eaux d’Europe. Elle est une référence thermale, culturelle et sociale. On y vient pour se soigner, se divertir, voir et être vu.
Bien que la Grande Guerre ait mis un frein aux activités thermales pendant quatre ans, l’activité reprend et l’affluence est au rendez-vous. Le thermalisme vichyssois connait son apogée dans les 1930, période à laquelle 130 000 curistes par an séjournent à Vichy. La ville continue de se développer et les palaces les plus luxueux sont édifiés.
La grande capacité hôtelière (400 hôtels, villas, meublés), les infrastructures de transport (liaison ferroviaire directe avec Paris) et de communication (central téléphonique très moderne, dans le bâtiment de la Poste, inaugurée en 1935) ainsi que la proximité avec la ligne de démarcation sont déterminantes et expliquent le choix de l’État français de s’installer à Vichy de 1940 à 1944. A l’issue de la guerre, le thermalisme n’est plus aussi en vogue. Bien qu’une activité thermale subsiste, la décolonisation prive la ville d’une partie de ses curistes. Les grands palaces sont progressivement transformés en résidences privées et la ville se tourne vers l’aménagement de sa base nautique sur le Lac d’Allier, le tourisme sportif s’intensifie et devient le fer de lance de la politique vichyssoise d’après-guerre. Cette perte de vitesse et d’attrait pour le thermalisme est alors un fait général qui s’observe avec plus ou moins d’intensité en Europe.
Dans les années 1980-90, l’État, la compagnie fermière, le département et la Ville, engage un contrat de plan «pour un renouveau du thermalisme à Vichy ». De cet acte sont nés les bains Callou avec l’hôtel Ibis, le nouveau centre de santé-beauté (Spa des Célestins), la restauration et la rénovation de quelques bâtiments emblématiques comme la création d’un palais des congrès en lieu et place de l’ancien grand casino et la création d’un pôle universitaire dans les anciens thermes Lardy.
En 2010, la ville s’engage dans l’aventure UNESCO, et veut redonner ses lettres de noblesse à la reine des villes d’eaux et ainsi garantir la transmission de son patrimoine aux générations future.
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