Vichy > Son patrimoine > Gare et avenues thermales rayonnantes
un nouveau souffle pour la station thermale
Quand les chemins de fer se sont développés, la ligne Paris-Lyon-Marseille s’arrêtait à Saint-Germain-des-Fossés, une gare très importante qui servait d’échangeur et desservait toute la région. « Les curistes étaient obligés de parcourir les 10 derniers kilomètres en calèche jusqu’à Vichy, explique Agnès Marcaud, Architecte Conseil à la Ville de Vichy. C’était très inconfortable ! ».
Napoléon III, qui souhaitait un rayonnement européen et international pour la Ville, adopte par décret impérial le 27 juillet 1861, le plan d’ensemble urbain. Vichy sera intégrée au parcours de cette prestigieuse ligne. « La construction de la gare fut alors très rapide car, en 1862, le bâtiment était achevé ».
Les travaux d’infrastructure sont confiés au polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, Pierre-Dominique Bazaine, un des pionniers du chemin de fer et les plans des bâtiments à Denis Darcy, architecte. Dès la création de la gare en 1862, le monde entier a pu venir à Vichy et la ville a connu une expansion très rapide. Cette gare devient donc très importante avec des salons d’attente luxueux, des galeries, des marquises,… « Malheureusement, tous ces éléments grandiloquents ont disparu. Aujourd’hui il ne reste que la façade restaurée lors de l’aménagement du parvis en 2009. C’est le dernier élément visible de ce bâtiment avec ses éléments de décor et son horloge. Nous souhaitons que cette gare soit protégée au titre des Monuments historiques car elle a été le déclencheur de toute l’expansion de la ville ». L’intérieur a été démoli lors des travaux de modernisation en 1977. Sur les photos anciennes, on voit comment le salon d’honneur était conçu pour accueillir les membres de la haute société qui venaient en cure à Vichy. De grandes marquises avaient également été construites afin d’abriter le chargement des nombreuses et volumineuses malles des curistes. « Les curistes patientaient dans ce grand salon en dégustant des collations qu’on leur offrait le temps que les domestiques déchargent les bagages. Puis, on venait les chercher pour les emmener dans les grands palaces ».
La gare de Vichy est un exemple exceptionnel de « gare thermale ». Elle a été «officiellement» commanditée par Napoléon III, grand amateur des villes d’eaux européennes, thermales et balnéaires. Dès 1856, l’architecte Charles-Edouard Isabelle conçoit un grand projet d’aménagement de la station thermale qui sera en grande partie approuvé par un décret de Napoléon III en juillet 1861. L’Empereur définit à cette date toutes les mesures nécessaires à l’embellissement de la ville : percement de onze voies d’accès ; construction des chalets de l’Empereur, d’un hôtel de ville, d’une église, d’une gare ; aménagement du Parc de l’Allier qui suit le cours de la rivière ; édification d’un pont provisoire ; et adduction de la ville en eau douce. La gare, nouveau programme indispensable à toute ville thermale, était donc projetée avant même l’arrivée du souverain dans la ville.
Extrait, Bernard TOULIER, Conservateur général honoraire du patrimoine
Toute la ville a été irriguée grâce à l’arrivée du chemin de fer. « Les artères rayonnantes depuis la gare vont permettre la densification de la ville et l’urbanisation de nouveaux quartiers. «Cette gare a aussi influencé l’organisation de l’exploitation de l’eau minérale puisque les sites d’expédition et d’embouteillage de l’eau Vichy Célestins ont progressivement été réunis à proximité de la voie ferrée et de la gare, sur le site de l’actuel Atrium, facilitant le transport des bouteilles, notamment à l’international».
À la suite des visites de Madame de Sévigné, Vichy a été progressivement « mise à la mode » : le centre médiéval s’est densifié, les remparts se sont ouverts. Le Parc des Sources est créé vers 1812 reliant ainsi Vichy-la-ville et Vichy-les-bains. L’hôtellerie toute naissante s’installe sur son pourtour formant une façade homogène à l’architecture traditionnelle, à deux étages. Alors que la fréquentation de la station évolue, un nouveau développement urbain est nécessaire.
Le plan d’ensemble de la ville est alors adopté par le décret impérial du 27 juillet 1861. Plusieurs plans préalables avaient été établis, l’un par Charles-Edouard Isabelle en 1856, l’autre par Jean Lefaure en 1858. Le dessin du plan thermal annexé au décret de 1861 nous est confirmé par le plan Rondepierre de 1865 qui fait apparaitre la nouvelle gare et le plan en éventail jusqu’à la rivière Allier ainsi que les nouvelles urbanisations déjà en cours.
« C’est un plan très précieux qui nous dessine vraiment la structure urbaine et les façades de l’époque, explique Agnès Marcaud. Tout est là ! Quand on regarde la trame d’aujourd’hui et qu’on la superpose avec ce plan, nos artères sont encore quasiment à l’identique ».
Ces nouvelles artères ont été réfléchies pour bien desservir la ville et les usages thermaux.
L’avenue Thermale et le boulevard Gambetta seront prolongées au fil des décennies pour suivre l’expansion de la ville.
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