Vichy > Son patrimoine > Hôtel International
Avec ses magasins ouverts sur la rue, son hall, ses salons et son restaurant donnant sur le jardin, cet établissement, ultra-moderne lors de sa construction en 1902, a été le premier palace de la station thermale.
Loti en appartements et studios à la Libération, il compte aujourd’hui quelque cent-vingt résidents âgés de cent-deux ans à trois ans. Une fois entré par la rue du Maréchal Foch, de son toit-terrasse on découvre une vue imprenable sur Vichy.
Idéalement situé face au Parc et au Casino, son emplacement était occupé depuis 1839 par un hôtel que Léon Soalhat a fait démolir. Ce nouveau propriétaire, dont les parents avaient exploité un hôtel place de la Source de l’Hôpital, voulait le doter du confort nécessaire pour accueillir les curistes en toutes saisons.
Paul Martin adopte un plan en forme de « U » incliné sur la droite, qui permet d’installer l’ensemble des services dont la clientèle va pouvoir bénéficier. « Air, lumière eau, confort, propreté semblent avoir été l’immédiate préoccupation de l’architecte, qui on peut le dire, a innové véritablement à Vichy. Partout il est possible de laver à grande eau, surtout le hall d’entrée et les couloirs dallés en carreaux de Paray-le-Monial. » (Extrait d’un article publié par L’Avenir de Vichy en mars 1094-Cf. Jacques Cousseau dans Palaces et Grands Hôtels de Vichy) Pourvu du chauffage central et de l’eau chaude, l’International dispose d’un ascenseur desservant les cinq étages du bâtiment principal et de l’aile gauche. L’espace du rez-de-chaussée comprenait sept magasins côté rue, le patio abritant les parties communes. Outre les chambres munies de balcons et les appartements pour les familles, des salons de réunion, de correspondance et de coiffure, sans oublier des garages, étaient aménagés. Les sous-sols, où logeait une partie des employés, étaient réservés aux cuisines et aux réfectoires, la salle à manger principale occupant une aile sur le jardin. La qualité des mets valut à son restaurant d’être agréé par le diplômé du Touring Club de France.
Considérés comme des additions de construction, les travaux vont se succéder au fil des ans. En 1916, le hall d’entrée est agrandi, empiétant sur le jardin intérieur au fond duquel Percilly et Brière avaient créé en 1907 une loggia à l’italienne ornée d’un grand vitrail décoré de fleurs et d’un ara aux ailes déployées. « Il avait été fabriqué d’après un carton de René Moreau conservé à l’Institut Français d’Architecture. J’ai pris des photos lorsqu’il a été démonté pour créer un accès. Certains morceaux endommagés n’ont pu être remis en place, dont celui du perroquet. » Françoise Plaidy, qui figure parmi ses habitants depuis la fin des années quatre-vingts, s’intéresse de près à l’histoire et aux nombreuses transformations de l’International.
Ses fondations d’origine pouvant supporter cinq étages supplémentaires, l’aile droite avait été surélevée à la demande de la banque qui avait racheté l’établissement en 1925. De quatre-vingt-dix chambres initiales avec lavabo, l’hôtel est passé à deux-cent vingt chambres et toilettes (et cent salles de bains avec WC) en 1923, puis deux cent soixante chambres (et cent bains) en 1931. Huit ans plus tard, il atteint son maximum avec un total de trois cents chambres et cent cinquante bains. Une « main courante » de juillet 1938 indique que l’hôtel pouvait enregistrer jusqu’à soixante-dix-neuf arrivées par jour et employait quatre-vingt-sept personnes, les services de bouche (22 personnes en cuisines et 24 au restaurant) figurant parmi les plus gros salaires. Réquisitionné comme hôpital militaire américain lors de la Première Guerre Mondiale, l’International abrite siège de la Légion française des Combattants, ainsi que du secrétariat d’État à la Guerre et autres bureaux de l’État–Major de l’Armée, en 1941-1942. Il est vendu en lots à la Libération.
Pendant plus de trente ans, le cabinet de phoniatrie du Docteur Françoise Plaidy a été installé dans l’un des appartements du bâtiment principal. « Quand je suis arrivée, les lieux n’avaient pas été occupés depuis la fin de la guerre. J’ai trouvé sur place une immense baignoire qui occupait un espace dans lequel j’ai pu mettre ma cuisine.» En changeant le papier peint de son ancienne salle d’attente, elle a retrouvé des croix de Lorraine dessinées sur le plâtre. « Dans le même temps, j’ai aidé ma voisine à enlever les croix gammées sur les murs de sa cave. Toutes sortes de gens sont passées dans cet endroit impressionnant qui laisse rarement indifférent. L’une de mes jeunes patientes m’a déclaré un jour qu’elle trouvait mon château très beau ! »
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