Vichy > Son patrimoine > Thermal Palace
Joseph Aletti avait pris en 1920 la direction du Thermal Palace dont il fit l’un des fleurons de sa Société des Grands Hôtels de Vichy (S.G.H.V). C’est désormais sous le nom d’Aletti Palace que cet hôtel continue de recevoir sa clientèle au sein du dernier établissement de la Belle Époque toujours en activité.
À son apogée, la Reine des Villes d’Eaux ne comptait pas moins de six palaces dignes de cette appellation : le Carlton, l’International, le Majestic, le Parc, le Ruhl (ou Radio) et le Thermal. Devenu l’Aletti, le Thermal Palace est aujourd’hui le seul à subsister, les autres ayant été transformés en appartements.
En 1844, la villa Maussant figurait sur un répertoire hôtelier de Vichy comme « maison garnie », un lieu d’hébergement où l’on pouvait se faire nourrir. C’est en tant qu’Hôtel des Thermes qu’il a logé la maison civile et militaire de Napoléon III en 1861, l’Empereur résidant pour sa première cure à la Villa Strauss contiguë.
En 1882 une salle à manger est construite dans le jardin par Henri Révoil sur la partie arrière en bordure de la rue Alquié. Destinée à faciliter le service des longues tables d’hôtes en usage à l’époque, ses travées sont séparées par des rangées de colonnes en fonte ornées de chapiteaux.
Au décès d’Auguste Maussant en 1910, son gendre le Docteur Frémont rachète les parts familiales ainsi que les villas mitoyennes. Le Grand Hôtel des Thermes est entièrement rasé, à l’exception de la salle à manger qui garde ses stucs et ses lustres.
Les travaux de reconstruction sont confiés à René Moreau, un architecte moulinois réputé. Sous sa direction, un bâtiment de sept étages sort de terre. « Tout à côté du grand Casino, une magnifique construction, c’est l’ancien Hôtel des Thermes, qui sous la dénomination modernisée de Thermale Palace, lisible sur son fronton de pierre, dresse là sa façade monumentale. » (Journal de Vichy du 21 mai 1911)
Le hall de réception, les communs, les salons et la salle à manger occupent plus de 1000 m² au rez-de-chaussée. Dans les étages « chacune des 300 chambres donnant sur le Casino ou sur les Parcs dispose de sa propre salle de bain et de WC. » Pharmacien honoraire, amateur d’art et conférencier, Gérard Sallet connaît l’histoire de Vichy. « Il était conseillé aux curistes d’aller respirer le bon air en altitude, ce qu’ils pouvaient faire sur l’immense toit terrasse ouvert à tous. »
La Première Guerre Mondiale donne un coup d’arrêt aux activités de l’hôtel de luxe qui devient une annexe de l’hôpital temporaire n°45. Il peinait à se relancer lorsque Joseph Aletti prend sa direction contre ‘’promesse de vente’’ réalisable à tout moment. Au décès du propriétaire en 1930, il le rachète avant de l’intégrer dans la S.G.H.V. Celui que l’on surnommait « l’empereur de l’hôtellerie vichyssoise » meurt en 1938 en pleine saison thermale.
Durant le deuxième conflit mondial, le Thermal Palace servit de siège pour les services de différents ministères. « À l’instar de nombreux hôtels réquisitionnés, l’établissement se remet difficilement des dégâts occasionnés. En 1954, sa remise en état avait nécessité 100 millions de francs, le montant de l’indemnisation accordée en 1949 atteignant huit millions. » Jacques, fils de Joseph Aletti, ouvrit en 1956 le « Club sur le toit » où l’on pouvait jouer au mini-golf et danser l’après-midi au son d’un orchestre. « Alors que le retour de la clientèle se fait attendre, la restructuration de 1959 transforme les deux tiers du Thermal en appartements, le dernier tiers restant exploité en hôtel 4 étoiles sous le nom d’Aletti Thermal Palace. ». C’est en 1992 qu’il devient l’Aletti Palace.
On pénètre toujours dans son hall d’accueil par la porte à tambour en acajou. Orné d’un macaron aux lettres des Frémont, le meuble de la réception fait face à l’escalier dont la rampe est ornée de ferronneries d’Eugène Goujon. Les boiseries de son bar l’Ascot sont d’anciennes portes d’hôtel, ses vitraux provenant de Londonderry House, propriété d’une grande famille aristocratique britannique. Son restaurant La Véranda est quant à lui installé dans ce qui fut la Villa Strauss.
Disposant de 129 chambres et de salles de réception dont certaines ont conservé leur configuration d’origine, l’Aletti Palace sert régulièrement de cadre aux tournages. Le film Bon voyage de Jean-Paul Rappeneau a d’ailleurs reçu le César 2004 des meilleurs décors. Quant aux artistes programmés à l’Opéra, ils n’ont qu’à traverser la rue pour rejoindre la scène comme l’ont fait Madeleine Renaud, Yehudi Menuhin ou Rudolf Noureev pour ne citer qu’eux…
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